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Cette deuxième partie de l’entretien de Hadja Rabiatou Sérah Diallo avec Mahmoud Ben Saïd nous rappelle des moments douloureux mais aussi jette des rayons de lumière sur des points jusque là flous pour certains : « J’ai entendu quelqu’un dire "Enfonce-lui la baïonnette au crâne !" et je me suis dit qu’ils étaient venus pour nous tuer…»
Mahmoud Ben Saïd : Nous parlions d’encouragement, Hadja. En ce 1er janvier 2008 je voudrais donc faire partie de ceux qui vous présentent leurs vœux en vous renouvelant la même sollicitude : Vous êtes notre espoir ; ne vous découragez en aucun moment…

Avec votre permission, je passe à la question suivante. Mais en fait, cela me fait mal, moi-même, de me souvenir de ce qui s’est passé en Guinée durant cette période et de ce qui vous est arrivé. Il y a encre des traces de semelles sur vos murs, à la Bourse du Travail, ce qui laisse croire que vos visiteurs n’agissaient pas en fonctionnaires venus faire leur travail de maintient d’ordre ; ils apparaissent plutôt comme des gens venus dans une mission personnelle, une mission de règlement de compte ! On a raconté beaucoup de choses, accusé beaucoup de personnes, mais qui ont, presque toutes, nié. Vous serait-il possible de nous dire franchement ceux qui sont venus vous brutaliser et comment cela s’est passé ?

Hadja Rabiatou Sérah Diallo : Oui… ceux qui sont venus nous brutaliser le 22 janvier ! D’abord un premier groupe est venu, dirigé par Ousmane Conté, le fils du Chef de l’État. Ils ont saccagé les bureaux d’en haut. Ils ont fait arrêter les jeunes. Ils ne nous ont pas touchés. Ils sont repartis.

Mais par après, c’est un contingent plus fort qui est venu. Cette fois ils sont rentrés dans la Bourse pour tout saccager. À un moment donné j’ai remarqué que mon collègue Fofana est évanoui… On l’avait tapé sur l’œil et le sang coulait. Il était menotté, déjà évanoui, quand j’ai entendu quelqu’un dire « Enfonce-lui la baïonnette au crâne ! » Je me suis dit qu’ils étaient venus pour nous tuer. Alors j’ai eu le courage de venir m’interposer pour protéger mon collègue, pensant qu’ils n’allaient pas m’enfoncer la baïonnette, comme je suis une femme. Mais en y réfléchissant maintenant je comprends qu’on aurait pu nous tuer sur place, et Fofana et moi…

Ainsi, je me suis interposée pour les empêcher de lui enfoncer la baïonnette au crâne. Et c’est là que j’ai reçu plusieurs coups, avec d’autres camarades. Il y avait Danielle Sophie de la CNTG, Fatoumata Tounkara de l’USTG, et d’autres personnes qui ont eu le courage de venir me joindre : On s’est couché sur notre camarade pour le protéger ; et on nous a tous frappés.

Quand j’ai vu qu’ils n’arrêtaient pas de nous frapper, Dieu m’a donné là aussi l’intelligence et la force de réagir. Veuillez m’en excuser, mais je suis tenue de le dire, puisque c’est cela la vérité : J’ai tourné ma main et l’ai saisi par la partie la plus sensible, que j’ai tirée avec force. Alors là… il a crié et m’a demandé de le lâcher. J’ai dit non, je ne lâche pas… tant qu’il n’aura pas cessé de me frapper ; autrement il faudrait qu’on me coupe le bras…

À vrai dire, c’est comme si nous étions déjà morts. Notre engagement était tel que nous ne voyions rien d’autre, nous n’entendions plus rien d’autre… On avait un seul objectif : le changement, la liberté !

Finalement ils ont appelé un renfort. Ces autres sont venus nous prendre tous pour nous jeter dans des camions et nous déposer à la sûreté. Et ils ont cassé tout ce qu’ils ne pouvait pas emporter : nos téléphones portables, les ordinateurs… La Bourse, telle que vous l’avez vue maintenant, est très différente de ce qu’elle était ce jour-là. Nous avons rafistolé les choses pour pouvoir travailler un peu. Si vous étiez venu les premiers jours vous vous auriez pris les cheveux : nos documents… tout ce qu’on avait a été détruit, brûlé, déchiré !…

Nous avions un centre de couture, en collaboration avec les Chinois, pour former les jeunes filles. On avait formé 1.750 jeunes femmes en broderie et couture chinoise. Ils ont brisé tout le matériel. Imaginez-vous cela…C’est malheureux ! Ce centre n’était pas pour nous seuls ; c’était pour pouvoir récupérer les filles qui n’ont pas pu aller à l’école ou qui n’ont pas pu terminer leurs études. Nous avions l’intention de les regrouper en coopérative pour les aider… Mais ils sont venus tout briser.

MBS : Les gens n’ont pas reconnu cela. Je me rappelle, lors d’une interview, Mr. Ousmane Conté a dit qu’il n’était même pas à Conakry le 22 janvier ; qu’il était à Kamsar ; qu’il n’a vu les syndicalistes que lors d’une rencontre avec la Première dame ; que d’ailleurs vous ne l’aviez même pas reconnu pendant cette rencontre : il avait fallu que la Première dame vous le présente. À la vue de cette interview, ayant aussi lu les autres articles qui disaient que c’est lui qui était allé à la Bourse pour vous faire arrêter, personnellement je ne savais plus qui avait raison et qui avait tort. Pouvez-vous nous éclairer là-dessus ?

HRSD : Je vous le dis et je vous le répète : Il y a des preuves qu’il n’était pas à Kamsar le lundi. Il y était le dimanche. Il a quitté vers minuit pour venir à Conakry. Donc le lundi il était bel et bien à Conakry. En fait, voici comment les choses se sont passées : Il avait distribué de l’argent aux jeunes de Boulbinet, carré par carré, pour qu’ils viennent saccager la Bourse. Mais au lieu de faire ce qui leur a été demandé, ils ont utilisé l’argent pour fabriquer des pancartes et des banderoles qui disaient « Vive le Syndicat ! » Et ça l’a énervé. Quand ils sont venus donc, ils n’ont fait qu’arrêter ces jeunes, dont certains étaient à la Bourse. Comme je vous l’ai dit plus haut, en ce moment-là ils n’ont pas touché à un syndicaliste. Mais le fait que nous n’avons rien dit les a énervés davantage. C’est donc par la suite qu’ils sont allés faire appel à un renfort.

Quand ils sont venus, un lieutenant qui était parmi eux l’avait arrêté pour lui dire : « N’entrons pas ici ; c’est une institution. » Il s’est retourné et l’a giflé, en jurant : « Je mettrai fin au syndicat aujourd’hui en Guinée. »

On pouvait produire une preuve incontestable : Un jeune qui y était avait filmé son entrée à la Bourse à l’aide de son téléphone portable. Avec ces images on pouvait clairement prouver sa présence à la Bourse. Mais qu’est-ce qu’ils ont fait ?... Ils ont fait arrêter le jeune et ils ont fait écraser son téléphone sur les escaliers. En plus, ils sont allés dans le quartier et le grand frère de ce jeune a été abattu comme un chien ! Tout ceci n’engage que lui.

Je dois toutefois avouer que moi, je ne l’ai pas vu personnellement à la Bourse, puisque j’étais dans un autre bureau. J’ai vu la Mecque : je ne vais pas mentir. Mais tous ceux qui étaient là-bas et qui ont dit l’avoir vu ne peuvent pas mentir. Pourquoi on a prononcé son nom ? C’est parce qu’on l’a vu ! Qui ne peut pas reconnaître Ousmane Conté, qui ressemble tant à son père ?

Nous avons fait des enquêtes pour connaître à quelle heure il a bougé pour Conakry. Nous avons la preuve et la conviction qu’il a quitté Kamsar vers minuit, devant un dancing.

MBS : Si je comprends donc, c’est parce que personnellement vous ne l’aviez pas vu auparavant que vous ne l’avez pas reconnu lors de votre rencontre avec la Première dame… Est-ce que d’ailleurs vous l’avez effectivement rencontré en présence de la Première dame ?

Oui, nous l’avons rencontré avec la Première dame. Vous savez, une mère est une mère. Généralement les mères protègent leurs enfants. Ainsi, comme le bruit avait couru, la Première dame nous a interpellés et nous a fait venir Ousmane Conté. Mais j’avoue que je ne l’ai salué que du bout des doigts. C’est vrai qu’il y avait des syndicalistes qui ont dit que c’était la première fois qu’ils le voyaient ; et ils avaient raison. Mais si c’est la première fois qu’ils l’ont vu, eux, pourquoi son nom a-t-il été prononcé à la Bourse ? … C’est parce que d’autres personnes l’y avaient vu !

Il n’y a aucun doute sur ce point. Quand on est venu chez son père la nuit du 22 janvier, et que celui-ci m’a posé la question de savoir pourquoi j’étais dans « cet état », j’avais répondu : « Président, j’ai été frappée par les militaires que vous avez envoyés, conduits par votre fils. » Il m’a demandé : « Quel fils ? » J’ai répondu : « Ousmane Conté ». Il a baissé la tête un moment et a ordonné : « Appelez-moi le chef d’État major. » Ils les a grondés en disant : « Qui vous a envoyés à la Bourse du Travail? Qui vous a demandé de les faire arrêter ? Qui vous a demandé de les maltraiter ? » …

MBS : C’est vrai qu’il avait dit cela ; nous l’avons appris. Mais les gens ont ajouté : « Pourquoi ne les a-t-il pas sanctionnés si c’est pas lui qui les avait envoyés ? »

HRSD : Ah, oui !... S’ils ont été envoyés on ne peut pas les punir ! Nous, nous voyons tout cela comme une mascarade. Ils ont été en mission et la mission a échoué, car ils étaient partis pour nous éliminer. Ils ont même lancé une grenade à la Bourse. Vous pouvez le vérifier. Elle est entrée par le plafond et est descendue pour atterrir sur les carreaux, sans éclater. Ça, c’est l’œuvre de Dieu. On serait tous morts là-bas. C’est vrai…

MBS : Vous paraissez fatiguée. Cependant il me reste encore quelques petites questions ; je compte donc sur vous. Nous avons appris que le Chef de l’État vous a dit un jour : « Je n’ai jamais perdu un combat ! » Je voudrais vraiment savoir quelle a été votre réaction en ce moment précis. Avez-vous prononcé un mot ? Q’avez-vous répondu ? Comment avez-vous réagi sur-le-champ ?

HRSD : C’est lorsqu’on est venu à la présidence pour lui déposer les propositions qu’il avait demandées. Nous étions prêts à partir quand il a dit : « Rappelez-moi cette femme ! » Alors on m’a interpellée et suis revenue. Il m’a dit : « Je te préviens... je te préviens… je te préviens : Je n’ai jamais perdu un combat ! » J’ai répondu : « Merci, Excellence ! … » avec tout le respect, parce que jusqu’à preuve du contraire c’est le Chef de l’État. J’ai donc dit : « Merci, Excellence ! je pense que--en tout cas si vous écoutez le cri du peuple--vous ne perdrez pas cet autre combat. » Ça, je l’ai dit.

MBS : À travers la presse tous les Guinéens ont appris ce qu’on vous a dit, mais on n’a jamais su ce que vous, vous avez dit. Je suis donc très satisfait de connaître votre réaction.

HRSD : En fait on était dans un cadre un peu restreint, et on s’était déjà dispersé. De toutes les façons, je dois tout le respect au Chef de l’État, surtout que j’avais, et j’ai toujours le sentiment, qu’il est pris en otage. J’ai le sentiment qu’on le trompe. Quand le Président Conté est venu au pouvoir, il avait pris de bons engagements ; il avait commencé à bien travailler. Mais il a été dérouté. Sachant donc qu’il est trompé, lui-même, et à travers lui tout le peuple, je me suis dit qu’il fallait le lui dire, pour qu’il se ressaisisse. C’est ainsi que je lui ai dit d’écouter le cri de son peuple.

MBS : On vous a connue avant ces événements et quand on vous revoit maintenant, il faut avouer qu’on est un peu surpris--agréablement surpris--de vos façons de faire… Par exemple, vous comprenez très bien les choses ; pendant que votre autorité se renforce votre simplicité augmente. C’est comme si vous êtes passée par une école. Ce comportement, êtes-vous en train de l’acquérir naturellement, de vous-même, ou auriez-vous des conseillers particuliers qui vous aident dans la gestion de affaires ?

HRSD : Je n’ai pas de conseillers particuliers. Mais j’ai ma propre philosophie. Pour moi, chacun peu un peu. Et quand on ne connaît pas on demande à ceux qui connaissent. Je ne sous-estime rien, ni grand ni petit. Je pense que si on ne vous dit pas vos défauts vous ne pourrez pas vous améliorer. C’est ainsi que j’écoute tout le monde. Je cherche toujours à savoir comment m’améliorer. Quand on me félicite pour une action donnée, je demande ce que j’ai fait de bon et ce que j’ai fait de mauvais. Ceci me permet d’éviter de répéter les erreurs du passé. C’est comme ça que j’évolue et je compte continuer dans ce sens.

MBS : Hadja, en 1998 vous avez été sélectionnée à New York parmi les 100 femmes héroïnes du monde. En 2006, vous avez été sélectionnée « Femme du Monde ». Et en janvier et février 2007, vous avez dirigé l’un des plus grands mouvements de revendication en Guinée, après l’indépendance… D’aucuns pensent d’ailleurs que ce mouvement est plus important que l’indépendance ! Bref, vous menez un combat sur le plan national et international. Pouvez-vous brièvement nous expliquer votre parcourt et ce qui vous motive dans ce combat ?

HRSD : Depuis mon jeune âge j’ai toujours aimé lutter pour défendre les plus démunis. J’ai toujours aimé partager ce que j’ai avec les autres, me disant que ce que Dieu m’a donné n’est pas à moi seule. Je n’ai pas fait des études poussées. Je me suis formée dans le tas, comme on le dit, dans le mouvement syndical. J’ai fait l’ABCD du syndicat, en commençant par la base. J’ai franchi toutes les étapes du syndicat pour être là où je suis.

MBS : L’homme marche avec son destin. Si aujourd’hui ou demain la possibilité vous est offerte d’occuper une place de décideur au sommet, quelles seraient vos priorités ? Quelles choses aimeriez-vous changer ? Concrètement parlant, citez-nous trois points prioritaires de changement que vous aurez à soumettre au peuple de Guinée.

HRSD : Vous avez parfaitement raison : L’homme marche avec son destin ; autrement dit, l’homme propose et Dieu dispose. Les gens me posent souvent cette question, mais ma préoccupation pour le moment est comment sortir la Guinée de cette crise. Pour les travailleurs que nous sommes, comment changer nos conditions de travail ; comment subvenir au besoin minimum de la famille ; comment éduquer nos enfants ; comment avoir de l’eau potable.

Cette préoccupation se sent dans tout ce que nous faisons actuellement. Par exemple, la CNTG a fait des latrines à Télimélé ; nous avons organisé le ramassage des ordures. Nous avons fait un forage à Télimélé et allons bientôt en faire deux autres à Boffa et nous sommes en train d’initier un projet pour la conservation des aliments à Pita. Nous sommes en train de développer des mutuelles de santé. Très bientôt nous allons équiper les hôpitaux les plus démunis avec des machines ou des lits, ou leur offrir des produits. Nous donnons des livres aux écoles, nous assistons le secteur informel en formation et en crédit. Tout ceci montre que nous avons le souci du développement du pays et y participons déjà.

Pour me résumer, s’il nous était donné à réfléchir ou à occuper des postes politiques je réfléchirais avec les mêmes collègues qui vont me mandater. Même actuellement je prends soins de dire seulement ce pourquoi je suis mandatée. Je n’aime pas dire quelque chose à propos de laquelle mes mandants ne se retrouvent pas. Je voudrais qu’à chaque fois qu’ils écoutent ou lisent quelque chose de moi qu’ils se disent : « Oui, c’est notre position commune. »

Ma réussite n’est pas une réussite personnelle ; c’est plutôt une réussite collective, chose que je partage avec tous mes collègues. Ils ont accepté que je monte sur leurs épaules pour être au sommet. Si je dois faire un pas vers une étape supérieure, ce ne sera pas à moi seule de le décider. Ainsi donc, si un jour ma destinée devrait changer et aller vers la politique, je réfléchirais avec mes collègues pour déterminer les priorités à poursuivre.

Cependant il y a des choses claires, qui sautent aux yeux de tous les Guinéens : Nous avons besoin de soins de santé, d’éducation, de la création d’emplois pour les jeunes, qui sont l’avenir. Chacun se pose également la question de savoir comment préserver les acquis de ce pays. Le pays n’est pas pauvre. On nous a rendus pauvres. Comment relever ce défi face à cette mondialisation, surtout pour la jeunesse à venir.

MBS : J’aimerais terminer ici, et en tant que fervent croyant je n’ai pas le droit de vous trahir : Je dois me reprendre et clarifier que j’ai profité de nos relations personnelles pour recueillir vos propos. Vous étiez souffrante ; nous sommes actuellement dans votre salon et vous êtes encore en robe de chambre. Cette interview, si vous me permettez, sera décryptée et publiée telle quelle dans la presse électronique puis dans un de mes livres, si Dieu le veut bien. Est-ce que vous avez des objections, franchement parlant ?

HRSD : Je n’ai aucune objection. Au contraire je vous félicite et vous encourage, parce que c’est cela l’histoire. Les gens ont besoin de savoir la vérité, et pour connaître la vérité il faut bien la chercher à la source. Une fois que la vraie information est publiée, tout le monde saura s’en servir et s’en inspirer pour mieux faire. Donc, vraiment, je ne peux que vous encourager et vous féliciter, vous, et tous ceux qui auront ce genre d’initiative.

MBS : Merci, Hadja. À tout seigneur, tout honneur : pour conclurer je vous laisse le dernier mot. Quel message avez-vous pour nos lecteurs, le peuple de Guinée ?

HRSD : Mon message au peuple de Guinée est avant tout de redoubler de courage et savoir que le changement est à la portée de tout un chacun. Il doit venir avec la contribution de tout le monde. Il ne s’agit pas de dire qu’on a tout gagné en mettant un nouveau gouvernement en place. Le changement, c’est le changement de mentalité. Le changement, c’est le changement de méthodes de travail, le changement de comportements à travers le dialogue : s’écouter. Donc chaque Guinéen doit pouvoir méditer là où il est pour se dire : « Qu’est-ce que j’ai fait pour mon pays ? Qu’est-ce que je dois faire ? Qu’est-ce que je dois changer dans mes méthodes de travail ? » Si vous avez l’habitude de détourner, si vous avez l’habitude de faire la corruption, vous devez pouvoir changer. C’est cela le changement.

Le changement, c’est apporter votre contribution au développement. Le changement ne signifie pas destruction. Il y a des gens qui profitent du moindre incident pour casser, détruire les biens publics, les biens des autres… En fait, on n’a pas droit de détruire même son propre bien, si minime soit il. Prenez l’exemple de votre mouchoir de poche. Il vous appartient, c’est vrai, car c’est vous qui l’avez acheté et c’est vous seul qui l’utilisez. Mais si vous n’avez plus besoin de ce mouchoir, au lieu de le brûler donner-le à quelqu’un. Vous trouverez certainement quelqu’un qui en a besoin.

Le changement ne signifie pas violence. Quand on pense à ce qui s’est passé pendant l’état de siège… Dans un pays musulman, où les 95 pour cent sont des musulmans, c’est inadmissible : Des femmes ont été violées dans des mosquées, tuées dans des mosquées ! Je me pose même la question de savoir si nous aurons le pardon de Dieu, pour de tels crimes. Tout ceci a un impacte négatif dans le développement. Le changement, c’est s’aimer, se tolérer.

Il faut que les Guinéens comprennent bien la définition du changement. Et ceci est valable pour les gouvernants aussi bien que les gouvernés. C’est valable pour tout le monde. Le changement, c’est être social. Même dans nos propres foyers, il faut le changement. Si dans le foyer les parents ne se comprennent pas, par exemple, la famille est vouée à l’échec. Les enfants qui en naîtront seront des aigris contre toute la société, pensant qu’ils sont rejetés par elle. Et ceci, en retour, aura un impacte négatif sur la société. C’est dire là que chacun a son travail à faire dans ce changement.

MBS : Merci infiniment, Hadja. Vous me permettrez de prendre une photo… une pause entière ou au moins du pied, avec la cicatrice.

HRSD : Merci, Ben Saïd. D’accord pour la photo, mais du pied seulement s’il vous plaît.


Réalisé à Conakry pour Aminata.com
Aminata 14/02/2008

Tag(s) : #Economie et Social
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