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Bon pêcheur, Dadis Camara l’est assurément. Dès qu’il a pris les rênes de la Guinée sur la tombe encore ouverte du Général Lansana Conté, Moussa Dadis Camara a annoncé les couleurs. Sans état d’âme, l’homme, bien qu’il soit arrivé au pouvoir à la suite d’un coup d’Etat - ce que nous condamnons au passage - ne pose que des actes allant dans la logique de l’assainissement de la vie politico-économique en Guinée. La lutte contre les narcotrafiquants et la corruption sont ces chevaux de bataille et le chef de la junte n’y va pas de main morte. Dans les filets du capitaine, ne tombent que des requins qui jusque-là narguaient, de toute leur superbe, le peuple guinéen englué dans une misère constrastant avec les richesses naturelles du pays. Alors que certains voyaient en ses actions des coups d’éclat ou du simple bluff, Dadis Camara a mis en branle un rouleau compresseur auquel échappent peu de délinquants à col blanc. Ce n’est pas le commandant Ousmane Conté qui dira le contraire. Malgré son statut d’officier de l’armée guinéenne, et mieux, de fils aîné du président défunt, Ousmane Conté, impliqué dans le trafic de drogue en Guinée, a été arrêté, et depuis son lit d’hôpital, a avoué sa faute avant de demander pardon au peuple guinéen. Dans la foulée, Saturnin Bangoura, frère de l’ex-première dame, Henriette Conté, a lui aussi été pris. Lui aussi a avoué, tout comme l’ont fait nombre d’officiers et de dignitaires ayant trempé dans le narco-trafic. Les dernières grosses prises du capitaine ne sont autres qu’Ahmed Tidiane Souaré, Ousmane Sylla et Loucény Nabé. Dénominateur commun : ils ont tous été ministres des Mines et accusés de détournements dans ce secteur, grand pourvoyeur de devises pour la Guinée. De son piédestal d’ex-Premier ministre, Ahmed Tidiane Souaré a été assis au simple banc des accusés pour reconnaître à la télévision, à son niveau, un manque de rigueur dans le contrôle et l’utilisation du fonds minier. C’est dire qu’avec persévérance, Dadis Camara qui s’est attaqué à la citadelle corruption que d’aucuns disaient imprenable en Guinée, a foi en son oeuvre de salubrité publique. C’est toute l’administration publique, et in fine, la société guinéenne, que la junte et son chef entendent assainir. Certes, il y a des risques de dérive. Mais, comme le dit l’adage, est-ce possible de faire des omelettes sans avoir au préalable cassé des oeufs ? Du reste, ce que certains qualifient de show médiatique de Dadis, présente bien des aspects pédagogiques en ce sens qu’il montre au peuple comment ses anciens dirigeants pillaient les biens du pays. Qui plus est, c’est un signal fort pour les futurs responsables de la Guinée. D’ailleurs , le capitaine Moussa Dadis Camara ne se limite pas aux accusations superficielles et aux interrogatoires à la télévision nationale. Car les présumés coupables sont toujours remis à la justice.
Une chose est certaine, pour s’attaquer à des maux aussi profonds qui ont pris racine dans une société guinéenne qui pourrissait par le sommet, il faut faire appel à des méthodes fortes. Et le capitaine Moussa Dadis Camara le sait sans aucun doute. Les Guinéens aussi le savent, mieux que quiconque.
Par Morin YAMONGBE
Le Pays 26/03/2009
